Brazuca : de la mondialisation à la fierté des origines

par Marjorie Bachot | le 18 juin 2014

brazucaAutrefois le nom du ballon officiel était souvent mondial, apatride, transnational. Aujourd’hui il revendique de plus en plus son origine et devient un instrument marketing pour le pays hôte.

Depuis quelques jours tous les yeux sont de nouveau rivés sur le ballon rond. Comme d’autres pays organisateurs avant lui, le Brésil utilise le nom du ballon officiel de la coupe du monde comme un instrument publicitaire à part entière pour se promouvoir. Quels furent les noms donnés à ces ballons depuis 1950, ceux que vous avez oubliés et leur signification ? Nomen a fait son enquête.

A propos de BRAZUCA

BRAZUCA, c’est le nom que porte le ballon officiel de la coupe du monde 2014. Côté apparence, il s’habille aux couleurs du Brésil et arbore des motifs représentant les célèbres bracelets brésiliens porte-bonheur. Pour la première fois le nom n’a pas été choisi par la FIFA, mais élu par les fans du pays organisateur. Avec 78% des voix, Brazuca devance BOSSA NOVA et CARNAVALESCA. Ainsi se confirme la tendance d’évoquer par le nom une particularité culturelle ou linguistique locale : BRAZUCA est un terme qui signifie tout à la fois, les brésiliens (terme familier) et leur mode de vie : leur ferveur émotionnelle, leur fierté et leur chaleur humaine. Que ce sens ne soit pas compris à l’international importe peu. Comme son prédécesseur Sud-africain JABULANI (qui signifie en langue Zulu « se réjouir »), le nom fonctionne déjà par son aspect et ses sonorités exotiques. « Il s’agit de transmettre une identité forte et une  évocation positive » explique Marcel Botton, Président de Nomen. « Brazuca, par sa signification comme par ses sonorités dynamiques, évoque le dynamisme et l’énergie, tout en étant parfaitement identifiable au Brésil. Ainsi le nom du ballon fonctionne comme une marque, il participe à la démarche marketing du pays hôte ». Pour info, Brazuca est déposé en tant que marque communautaire par l’équipementier Adidas qui commercialise le ballon.

Dans le passé, des noms descriptifs moins attractifs

Cette opportunité marketing, tous ne l’ont pas toujours saisie et un coup d’œil sur les décennies passées nous le confirme. Ainsi on a joué au Brésil en 1950 avec le Super Duplo T, quatre ans plus tard, la Suisse tente sa chance avec le Swiss WC Match Ball. La Suède se présentera avec TOP STAR, un nom compréhensible, à défaut d’être original. A l’inverse la signification du nom du ballon chilien MR. CRACK reste à ce jour toujours obscure.

Tantôt emblème national, tantôt message sportif universel

Alors que l’anglais a longtemps été privilégié, les noms sont devenus au fil des années de plus en plus typiques et emblématiques de la nation qui accueille alors la coupe du monde. Vous vous souvenez peut être des TANGO DURLAST (Argentine 1978), TANGO ESPAÑA (1982), AZTECA MEXICO (1986), ETRUSCO UNICO (Italien 1990), ou du fameux TRICOLORE (France 1998).

Cependant tous les pays n’utilisent pas cette opportunité pour se mettre en scène. D’autres mettent en avant, à l’inverse, l’esprit sportif universel, comme QUESTRA (USA 1994), FEVERNOVA (Japon/Corée du Sud 2002) et TEAMGEIST (Allemagne 2006). Il reste un nom, complètement à part, qui fut employé pour la coupe du monde de Mexico en 1970 et pour celle de 1974 en Allemagne. Le ballon TELSTAR fut nommé ainsi en référence à son apparente ressemblance avec le satellite de communication homonyme. Pour Marcel Botton, cette dichotomie est classique chez les marques : « certaines  marques globales et multinationales gomment leur origine nationale et ‘’parlent du monde au monde’’, d’autres mettent en avant leur origine comme un instrument de valorisation et de différenciation pour s’adresser au reste du monde.  »