
Il n’y a pas qu’en France que mai est synonyme de jours fériés et de ponts. Au Japon aussi !
Fin avril – début mai, ce ne sont pas moins de quatre jours fériés qui sont concentrés en l’espace d’une semaine. Jugez-en :
- 29 avril : on célèbre la naissance de l’empereur Shôwa – que nous connaissons mieux en Europe sous le nom de Hirohito. Ce jour férié se nomme 昭和の日 /shôwa no hi/ « le jour de Shôwa ». Ce jour est férié depuis l’accession au trône de l’empereur en 1926 ;

- 3 mai : on fête ce jour-là la Constitution du Japon de 1947. Ce jour férié se nomme憲法記念日 /Kenpô kinen bi/ « jour de commémoration de la Constitution » ;

- 4 mai : ce jour-là, on fête la nature. Nommé みどりの日 /midori no hi/, ce jour est de création relativement récente. En effet, avant 1985, ce jour n’était pas férié. Lorsque l’empereur Hirohito/Shôwa mourut en 1989, on ne voulut pas perdre un jour férié. Le 29 avril devint alors le jour de la nature. L’empereur défunt, dit-on, avait en effet un certain goût pour les plantes et la nature. Finalement, en 2007, on réinstaura le 29 avril comme jour dédié à la mémoire de l’empereur Shôwa et on déplaça le jour de la nature au 4 mai ;

- 5 mai : on fête ce jour-là les enfants (子供の日 /kodomo no hi/ « le jour des enfants »). Rendue fériée en 1948, cette fête vient d’une tradition lointaine. Originellement appelée Tango no Sekku (端午の節句), on commença à la célébrer autour du VIIe siècle de notre ère. Fixée au cinquième jour du cinquième mois lunaire au VIIIe siècle, la fête fut plus tard associée au 5 mai lors de l’adoption du calendrier grégorien. Au départ, cette fête était consacrée à des purifications devant éloigner les catastrophes. Puis la fête devint une fête des garçons pendant l’époque d’Edo (1600-1868) : alors que les rites de purification tombaient en désuétude, les familles de samouraïs commencèrent à faire de cette journée un moment de remise d’éléments d’armure aux garçons. Ce glissement a été rendu possible par le mot shôbu. Le shôbu (菖蒲), jonc odorant ou acore odorant, est une plante qui était utilisée dans le rite de purification. Son homophone (noté 尚武) signifie « esprit chevaleresque ». De nos jours, la fête est consacrée à tous les enfants bien que l’ancrage traditionnel et historique reste fort et qu’on y célèbre plus particulièrement les garçons (on fête le 3 mars une fête des petites filles). On souhaite bonheur et santé aux enfants.

Cette semaine a reçu le nom de Golden Week : semaine en or (ゴールデンウィーク /Gôruden Wîku/). D’où vient ce nom qui, lui, n’a rien de japonais d’un point de vue étymologique ?
Lorsque les fêtes furent instaurées par la loi en 1948, le secteur des loisirs a constaté une hausse des recettes à cette période de l’année. Le vocabulaire radiophonique utilisait le terme « golden time » pour désigner la semaine de plus forte audience, on surnomma la semaine des quatre jours fériés « golden week ».
Le nom s’est peu à peu imposé pour désigner cette semaine des quatre jours fériés. Si nous avons l’illusoire semaine des quatre jeudis, les Japonais ont la réelle Golden Week !