Le mot #35 : synesthésie

par Marelune Yvinec | le 28 janvier 2015

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Un peu de poésie pour adoucir les mœurs. Retour sur une figure de style ancêtre de la fameuse / fumeuse polysensorialité si chère aux marketeux.

Le substantif synesthésie est issu des termes grecs syn « l’union » et aesthesis « la sensation » et vient définir un stimuli simultané de deux sens au moins. Il s’agit là d’une expérience subjective, propre à une personne. Ce phénomène curieux trouve son explication dans la neurologie. En effet, les synesthésies seraient dues à l’association par l’esprit de plusieurs sens, organes de la perception. Ainsi un synesthète pourra « voir » des sons, ou « entendre » des couleurs et pourra aussi associer une lettre ou un chiffre à une couleur donnée.

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Par extension, le terme synesthésie est utilisé en littérature et relève d’une figure de style pratiquée par de grands poètes français, à l’instar d’Arthur Rimbaud qui évoquait des « parfums pourpres du soleil des pôles » (Illuminations, Métropolitain). Baudelaire en a même fait un sonnet intitulé Correspondances, publié dans les Fleurs du mal en 1857, dans lequel il désigne le rapport entre le monde matériel et le monde spirituel :

[…]

Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.